Un voyage aux Philippines

Retour page précédente

Un dîner chez l'habitant à Sabang

Vous avez forcément compris qu'on était à la fois assez motivés, timides, étonnés, curieux, flattés, bref un peu de tout ça, de pouvoir dîner chez l'habitant, en l'occurence la demoiselle qui s'occupe des quelques locaux où nous dormions. Oh bien Olivier chez l'habitantsûr, on se doute bien qu'on n'est pas les premiers, et que c'est probablement une partie de ce que la plupart des touristes dans notre genre peut espérer. Néanmoins, on est bien contents d'être invités.

A l'heure où le soleil est couché et où les générateurs permettent aux téléphones portables de fonctionner, nous nous rendons donc au lieu convenu. Nouvelle hésitation à l'arrivée sur site : il semble y avoir deux entrées, et comme je ne sais pas où est planqué le clebs, et que je n'ai pas l'intention de me faire niaquer le mollet pour avoir pris la mauvaise porte, on fait un brin de bruit pour s'annoncer. "Hel-lô-ò !" (vous voyez le genre)

En fait, il n'y a tout simplement pas de porte. Le mur, d'ailleurs, est également percé de "fenêtres" (sans vitrage) et de "trous". Ce qui fait qu'il n'y a aucun doute, on va se faire bouffer par les moustiques. Heureusement, on a pensé à se oindre de truc antibestioles, et tant mieux. On nous fait assoir dans un "salon" carrelé, sur des canapés un peu fatigués. Le chien me contemple passivement d'un air hagard, tout en observant attentivement... le karaoké à la télé !

Pendant ce temps, notre hôtesse et son mari préparent la cuisine... dans la cuisine. On s'approche discrètement, et on finit par prendre place sur des chaises dans la salle qui fait cuisine mais aussi chambre, eArnaud dans la cuisinet second salon de télévision. Là, c'est une sorte de film asiatique dans les rizières avec du kung-fu, des samuraïs en armure sur des chevaux et des banquets. Les spécialistes du genre auront bien sûr reconnu le célèbre Tïa-onn-kâhn. Ou pas. Incroyable de voir que dans cette maisonnette il y a 2 télés qui fonctionnent (et que personne ne regarde, à part le chien) mais pas d'eau courante.

En effet, l'eau courante n'étant pas arrivée jusqu'à cette maison, le jeune couple qui nous reçoit fait la cuisine avec bidon d'eau. Oui, vous avez bien lu, le "jeune" couple, qui a déjà trois bambins à son actif, ne doit pas dépasser les 45 ans à deux. Le générateur électrique ronronne à fond, le couteau tranche à vif, et la soupe chauffe.

Nous sommes là, bêtas d'admiration devant les choses simples de la vie d'un couple philippin. Vous observerez avec délectation la découverte du citron local, tout petit comme une balle de ping-pong, tout vert, et idéal pour aller avec du gin ou pour arroser le poisson.

Ce soir, c'est poisson. Les quantités en cours de préparation sont impressionnantes...

Ça me fait penser à vous raconter comment on a négocié notre traversée en bateau pour la prochaine étape.

 

Le bateau : comment payer moins cher votre traversée de Sabang à Port Barton ?

Le tarif "standard" pour les touristes, est de l'ordre de 1200 par personne. Après négociation, et grâce à l'intervention discrète de la taulière, nous avons pu, via son cousin qui était posté au Villa Verde, obtenir nos billets pour 750 chacun. Autant dire que Danny, il pouvait toujours se rhabiller ! Et moi, de conclure une fois de plus que Sabang est un nid de vipères où les touristes se font plumer. Parce que ce qui me semble certain, c'est :

  1. qu'aucun philippin ne prend le bateau pour ce trajet
  2. que le tarif reste totalement exorbitant, même d'un point de vue "occidental aisé"

D'ailleurs, et la description que je vous en ai fait aura fini de vous convaincre, Sabang n'est qu'un quasi-village, et surtout un repaire de touristes en bord de mer. Il en faut, mais pas pour moi. Fuyons !

Mais avant ça, passons à table car le repas est prêt ! Nappe en toile cirée aux couleurs... d'un style différent de ce que mes goûts auraient pu choisir au premier instinct. Chaises plastiques et bois dépareillées, mais service verrerie de fête : on ouvre en effet le carton où ils sont rangés pour l'occasion !

 

A table chez la taulière

Monsieur et madame Lataulière passent donc à table, ainsi que leur triple marmaille et nous deux, touristes émérites et impatients de découvrir la cuisine authentique philippine.

Repas chez l'habitant aux PhilippinesOn ne sera pas déçus : la quantité est astronomique. On dépasse de très loin ce qui sera nécessaire de nourriture pour si peu de personnes à cette même table. Et c'est tout simplement "chouettement bon" : du poisson, du riz, des citrons et de nombreuses sauces accompagnant et arrosant le tout, sortes de patates frites, calamars et autres, c'est varié et goûtu, vraiment un bon moment. Je reste dubitatif sur la quantité servie : peut-être aussi parce que je suis peu au fait des usages locaux, et je me suis posé la question. Est-ce qu'il fallait "tenter" de tout finir pour faire honneur aux plats ? Ou au contraire, fallait-il en laisser beaucoup, pour signifier que la quantité était très suffisante, sous-entendu que la distance financière entre nos deux hôtes et nous était, sur ce point, temporairement effacé, ou... Enfants aux PhilippinesC'est incroyable comme de petites choses comme ça peuvent faire douter : que faire pour ne pas vexer, ne pas tomber dans la condescendance intolérable ou le dédain, ni considérer comme "normal" quelque chose qui ne l'est probablement pas ? Les voyageurs comprendront ce que je veux dire. C'est une petite part du "choc des cultures" (qu'on cherche, hein, ne nous leurrons pas) qui est inévitable quand on veut voyager de cette façon là, proche autant que possible des populations rencontrées. Dans tous les cas, ça vous invite à réfléchir, et c'est déjà pas mal.

Tout ça pour dire que ce repas était très agréable, et qu'il a été accompagné par des enfants pas plus étonnés que ça de nous voir.

Conclusion : la taulière arrondit ses fins de mois en faisant la tambouille aux touristes. Bonne idée !

Il est temps maintenant de nous éclipser. Le repas n'a pas été l'occasion d'une grande rencontre ou de discussions enflammées, c'est un peu dommage. En même temps, on ne parle pas le tagalog, et nos hôtes en ont peut être marre de raconter toujours les mêmes trucs aux occidentaux de passage. C'est un business ici, monsieur. Vous êtes à Sabang !

Ah bon. Et bien allons dormir, demain nous irons prendre le bateau pour Port Barton...

Et d'ici là ? Pas de drame.

Lire la suite : jour 6, bateau pour Port Barton !


Voyages sans avion | voyage aux Philippines | Contact | La boutique insolite (cadeaux originaux)

©2004-2015 Sans-avion.net