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TRANSSIBERIEN : UN VOYAGE INOUBLIABLE EN TRAIN
Les Bidochards sortent de Russie
Le train arrive en fin de matinée à la dernière gare
de Russie. On se masse contre les fenêtres du wagon pour regarder goulûment
les dernières images de Sibérie / Bouriatie / Russie (rayez les mentions inutiles).
Le train s'arrête et on nous remet des formulaires de douane à remplir, on
nous demande nos passeports et le petit papier qu'on a rempli à l'entrée en
Russie. Je ne sais pas si je vous en ai parlé : dans chaque hôtel, il fallait
le faire tamponner et remplir. Bien sûr, les nuits dans le train ne comptent
pas, ce genre de formalité étant à mon avis plus un des nombreux restes de
l'époque soviétique, encore qu'on doit probablement
trouver ce genre d'âneries dans pas mal de pays. Est-ce à sa liberté de sortir
qu'on différencie une dictature d'un pays libre ? Entre-autres. Bref, il ne
faut pas avoir perdu son bout de papier, et encore moins le passeport : sur
chaque formulaire à remplir le long du voyage --et ça ne manque pas-- on nous
demande systématiquement notre numéro de passeport, mais aussi des trucs qu'on
sait par coeur comme notre numéro de vol --si si, même dans une gare on nous
demande ça-- mais bon visiblement ces formalités ne sont pas analysées à la
grande loupe. Encore que je ne conseille à personne de jouer avec, mais c'est
l'impression que j'ai eu. Le truc plus amusant, c'est quand on nous le rend
--plus tard, bien plus tard-- et que le douanier me regarde un bon moment
en comparant avec la photo. Quelque part, si j'avais à faire ce métier et
que j'avais face à moi deux asiatiques, j'aurais du mal vu que j'en croise
pas souvent et que donc j'ai du mal à les différencier du premier coup d'oeil,
mais les blancs j'aurais moins de mal je pense. En tout cas, cette partie
là du boulot ils la font bien, on ne peut que respecter la conscience professionnelle.
Malgré tout, les gars gardent un certain sourire et tentent d'échanger quelques
mots de politesse en anglais ce qui est assez épatant : allez voir à la frontière
USA-Canada et tentez de parler en Russe ou en Espagnol pour voir... Déjà je
l'ai fait en Français et on m'avait sorti un fusil et dit d'une voix qui rappelait
certains gardiens de prison caricaturaux comme on en voit dans les films "Now
you speak English 'cause you're coming to the United States OK ?", donc
bon...
Bref, une fois les formalités effectuées, quartier libre dans le bled pendant 5h. Oui, vous avez bien lu, il faut ce temps à nos chers douaniers pour vérifier toute la paperasse dans leur bureau et à nos chers mécanos pour changer la loco et préparer le train pour aller en Mongolie.
Donc, on en profite pour aller en ville dépenser nos derniers roubles. Enfin, quand je dis en ville...
Quand on arrive en ville...
La
ville est en fait un village dont les habitants doivent se compter sur trois
chiffres au maximum. Devant la gare, une place défoncée et un petit marché
dans un terrain vague sur le côté, à l'abri des arbres. On s'y engage et on
regarde. C'est petit, mais on trouve des bonbons, des revues --en Russe, faut
pas rêver non plus-- et aussi des cochonneries genre un jeu de cartes (10
RUB) ou des crayons, des vêtements, de la nourriture. Un petit marché, quoi.
En avançant sur la petite route qui s'éloigne de la gare, on rejoint le village qui est à quelques centaines de mètres. A droite puis tout de suite à gauche et encore à droite, on trouve une des rares boutiques du bled. Toute simple, très typique, et on y trouve tout : charcuterie, conserves, vodka bien sûr, mais aussi des fournitures scolaires et probablement à peu près tout. C'est petit mais très chouette, et la grappe de touristes qui s'y incruste fait le bonheur de la tenancière. Moi, je suis à l'extérieur et je fais du change à quelques voyageurs : je rachète des dollars contre mes roubles que je n'arrive pas à dépenser. Du coup, j'ai plus de dollars que ce que j'avais au début, et il me reste encore des roubles.
Photos : A droite : le petit marché. Notre groupe ressemble parfois aux caricatures des Bidochons. Ci-dessous : vue du village. Source : Dany.
Je
fonce à la gare, et en avançant sur le quai en direction de la Mongolie, il
y a un bâtiment avec boutique (plus cher) et banque. Ils rachètent les roubles
contre des dollars, mais uniquement ça. Pas moyen de récupérer des Euro par
exemple, mais on peut dépenser des Euros pour acheter des roubles... Cherchez
pas, c'est comme ça. Et puis maintenant les roubles ne vont plus bien nous
servir --enfin si, mais ça c'est une autre histoire-- mais voilà. L'ambiance
de la banque me fait penser à ces films américains où on voit des blancs entrer
dans des établissements un peu perdus au fond du mexique ou de l'Amérique
latine. Aucun sentiment d'insécurité, juste le côté sombre et boisé des locaux.
Je ressors de la banque et je retourne vers le train. Je croise Dany qui cherche désespérément des WC. Pourquoi pas dans le train ? Et bien parce que, comme tout le long du voyage, il est impossible d'utiliser les WC du train à l'arrêt : eh oui c'est pas des WC chimiques, c'est juste un trou qui tombe sur la voie, donc forcément pas possible en gare ! Le problème, c'est que les WC de la gare sont d'une rare saleté --en fait il n'y a pas d'eau donc forcément ça devient très vite crade-- et elle finit par aller derrière le petit marché.
Achat de devises
Des gars passent dans les trains et sur les quais pendant tout ce temps, pour proposer du change de devises mongoles, les Tougriks. A titre de comparaison, il faut environ 1500 Tougriks pour 1€. Vu qu'on ne va pas passer longtemps en Mongolie, je choisis de ne pas faire de change --on se débrouillera avec nos dollars et nos euros-- mais j'assiste à une scène où Loïc négocie ferme son change. Il faut négocier, là aussi. Et la règle d'or : une fois le change négocié, il faut d'abord prendre les billets mongols et ensuite seulement payer avec les roubles, dollars ou euros. Sinon, impossible de rattraper le vendeur s'il se "trompe" dans ce qu'il vous donne. Donc, vérifier, surtout que les billets mongols sont tous des grosses coupures, pas facile à repérer.
Donc, toujours recompter, même si ça peut agacer l'autre. Mais au moins, il ne sera pas tenté de vous arnaquer.
Bref, une fois que Loïc a fait son change, il me demande si je veux des timbres Russes. Il lui en reste deux. Je lui propose un timbre contre une carte postale, et on postera chacun une carte. Les cartes, je les ai achetées dans le train "Baïkal" avant d'arriver à Irkoutsk, la provodnista vendait plusieurs cochonneries (des petits phoques en bois, des porte-clés, et justement des lots de cartes postales). Echange conclu, je rédige ma carte et je cherche une boîte aux lettres.
A la recherche d'une boîte aux lettres
C'est bien un réflexe d'occidental, ça. Mon pauvre monsieur, vous pensiez pouvoir poster une carte de la gare ? Ah ah ah ! Non, il n'y a aucune boîte aux lettres. Ni ici, ni au village. Mais il y a un petit bureau de poste --bien planqué-- c'est un petit bâtiment juste derrière la gare, rien n'indique que c'est la poste. On entre par une simple porte, et là je vois qu'on m'a bien guidé. Je donne ma carte postale, on me fait un grand sourire, et le tour est joué. Je me retire en répétant plusieurs fois спасибо (prononcez "spaciba", ça veut dire "merci"). Je suis soulagé, le train part dans quelques dizaines de minutes et on ne veut pas le rater.
Seb,
lui, est allé faire un tour dans le village et a rapporté plusieurs photos.
On remonte dans le train, remise des passeports par les douaniers Russes,
dernières vérifications (ils fouillent le compartiment à fond et dévissent
le plafond et la clim pour voir si personne n'y est caché). Un garde Russe
prend place sur la loco : on le voit bien par la fenêtre avant du wagon parce
que suite à la réorganisation des wagons pendant l'attente, on se retrouve
premiers. Sur trois wagons, pas plus. On n'est pas très nombreux à passer
la frontière...
La frontière
Le train démarre, la voie n'est plus électrifiée depuis
quelques temps déjà mais là il n'y a même plus de double voie. Le train avance
à la vitesse d'un escargot sur une pierrade allumée. Il fait quelques kilomètres
puis s'arrête. Je sors la tête par la fenêtre
: il y a un portique au-dessus de la voie, et des militaires de chaque côté
qui surveillent. Un feu au rouge. Un mirador non loin de là, un grillage barbelé
qui sépare les deux pays, un chemin de ronde. C'est la frontière. Dans un
sens, je m'attendais à un truc plus visuel, plus "guerre froide",
mais c'est déjà impressionnant.
Le garde Russe descend de la loco. Sans prévenir, le feu passe au vert et le train repart. Les militaires sont au garde-à-vous. C'est ahurissant et émouvant en même temps.
Voici un deuxième portique qui annonce "МОНГОЛ
УЛС" (République de
Mongolie). La Russie est derrière nous maintenant, on est en Mongolie. Un
peu plus loin, première ligne droite. Quelques militaires Mongols --on dit
pas Mongolien mais Mongol-- sont là et le train stoppe. Un garde Mongol monte
sur la loco et le train repart.
Dans
quelques minutes, on s'arrêtera à Souhké Baatar, première gare Mongole, pour
les vérifications d'usage. Encore plusieurs heures d'attente, là aussi...
J'ouvre les yeux en grand : les premières images de la Mongolie sont magnifiques : on est dans une petite vallée entre deux collines, le fond est plat et vert avec un cours d'eau très brillant, les collines sont un peu pelées. Le ciel est bleu et pur. Ici et là quelques habitants, une yourte, des chevaux, un pêcheur...
Le train ralentit : on arrive déjà à Souké Baatar.
Voir
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