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TRANSSIBERIEN : UN VOYAGE INOUBLIABLE EN TRAIN
La
(pré-)histoire a toujours le dernier mot
Il faut quand même que je vous remette dans le contexte
: on est donc en Mongolie, à Oulan-Baator, en vacances. Odgerel nous explique
qu'on va maintenant se rendre à un spectacle-concert folklorique. Le truc
peut être sympa, donc je suis plutôt enthousiaste. Mais
visiblement, et si j'étais pas de cet avis ? Parce que vous comprenez, le
Programme Officiel du Parti disait qu'on irait voir un musée de dinosaures.
Ah bin oui, c'est sûr, c'est crucial. Vital. On a fait le voyage rien que
pour ça. Et si on n'y va pas, il faudra me passer sur le corps --comment ça
personne ne veut ?-- donc bref vous l'aurez compris, comme dans tous les groupes
de voyages il y a des potiches™. Bon je vous rassure, je n'en faisais
pas partie, et franchement les restes préhistoriques, on en verra d'autres.
Allez, zou ! On fonce au théâtre machin pendant que les autres vont faire
la visite express susmentionnée.
Il
faut dire qu'il y a du monde, on doit jouer des coudes pour avoir une bonne
place. Le décor est très typé asiatique, l'attente est courte et puis ça y
est, les portes se referment et le spectacle commence. La salle est bondée.
Franchement, c'est génial. D'habitude, je ne suis pas
vraiment fan de chanteurs ou de danseuses, mais là on a bien plus que ça devant
nous : une
vraie tranche de traditions, des costumes beaux comme tout, une voix impressionnante
--le genre de voix qu'on croirait réservée aux moines tibétains en transe--
et forte, des danseurs et danseuses belles aux mouvements souples et fluides.
La voix très spéciale de ce chanteur est dite diphonique : lien externe sur ce sujet.
Aucun raté. Le spectacle est une cascade d'émotions,
de couleurs. Envoûtant. Un morceau de musique, une danse. Des masques. On
joue sur les reflets, sur la lumière. Les accélérations et changements de
rythme dans les danses. Les
costumes rappellent ceux qu'on nous a présenté au musée d'histoire --vous
voyez que ça vallait la peine d'y aller en fait-- et la chorégraphie ne laisse
rien au hasard. Des petites nous font une démonstration de contorsionnisme.
Les instruments de musique me sont exotiques --ça participe au plaisir de
la représentation bien sûr-- et il n'est pas facile de prendre des photos
sans flash avec des mouvements ininterrompus.
Puis vient la danse du shaman. Elle me fait penser
à la danse de la pluie
des indiens d'Amérique : saccadée, le shaman porte des vêtements amples et
des sortes de tresses pendantes. Maintenant, c'est la danse des masques. Et
déjà tout est terminé, le temps s'est écoulé très vite ! Je ressors heureux
de ce divertissement qui est bien plus qu'une simple exhibition vaguement
traditionnelle : nous avons profité d'un vrai show, haut en couleurs et très
agréable. Et sans effets spéciaux !
Le Tigre du Bengale
L'étape
suivante de notre périple consiste donc à rassembler nos troupes et à nous
diriger vers le restaurant où Claude nous fait son plus beau sourire photogénique.
Puis vers l'hôtel. Seb réussit là une belle performance puisqu'il se fait
poser un lapin par Odgerel --dommage-- pendant que je m'acharne à trouver
comment on allume la lumière dans notre "suite" qui ressemble plus
à un appartement complet qu'à une simple chambre d'hôtel, c'est immense !
Alors pour la petite histoire, pour allumer la lumière, il faut glisser la carte qui ouvre la porte dans un petit support, et la laisser là. Simple et efficace. J'avais l'air complètement idiot en essayant d'allumer, et ça s'est pas arrangé quand j'ai demandé de l'aide au staff de l'hôtel. Mais maintenant, je sais. Et le prochain que je vois essayer d'allumer, je ricanne. Niark niark niark !
Le train Allemand
Je
ne sais pas si c'est le décalage horaire --prétexte facile-- ou la densité
des activités de ce voyage --prétexte réaliste-- mais j'ai trouvé la nuit
bien courte. Il faut dire qu'on dormait drôlement bien dans cet hôtel, aussi.
Seul regret, ne pas avoir pris le temps d'une petite visite "Oulan Baator
by night", ce sera pour la prochaine fois.
Notre train part à 8h10 heure locale. Le billet qui nous est remis est écrit en Mongol, en Russe, et... en Allemand ! On n'est pas habitué à ça comme langue internationale, mais après tout pourquoi pas. Après tout, Berlin n'est qu'à 6 200km, une paille !
On monte donc en voiture. Installation dans les compartiments, et là, il y a du changement : on est en 1ère classe ! Deux grosses couchettes superposées, et en face un vrai fauteuil bien agréable et même --luxe suprême-- une salle de bain partagée avec le compartiment d'à-côté. Le système de verrouillage en est d'ailleurs assez spécial, avec un mécanisme qui couine quand on ouvre la porte et une targette qui se bloque si on ne manipule pas dans l'ordre : hein Seb, tu te souviens quand tu t'es trouvé coincé dedans ? A croire que bloquer les portes des salles de bains est une de ses spécialités !
A
part ça, oreillers et draps sont toujours au rendez-vous, ce qui ne semble
plus le cas pour Michel et sa petite famille qui sont en 2e classe, bien loin
de nous d'ailleurs.
Ce relatif isolement --soyons clairs, Dany était juste à côté-- nous incite à inviter Alex à nous rejoindre pour une petite partie de poker. Avec, à défaut de jetons, des dollars pour miser. Oui, vous avez bien lu : en plein désert de Gobi, on jouait aux cartes avec des vrais billets américains ! Et bien, on a beau savoir que c'est pour rire, ça fait quand même tout drôle. Surtout quand la provodnista ouvre la porte du compartiment pour nous demander je-ne-sais-plus-quoi. On dirait des gamins pris à écrire sur le mur...
Le désert
Mais
reprenons dans l'ordre. Le train quitte donc Oulan-Baator, et tortille vaguement
pour passer les collines qui entourent la capitale et se diriger vers le Sud.
Les quatre locos diesel peinent, et petit à petit la végétation change :
de collines et plaines vertes on passe à une sorte de steppe aride, puis les
touffes d'herbe se font plus rares. Les gares aussi. La voie est unique, on
s'arrête souvent dans des petites gares ou sur des petites sections doubles
pour croiser les autres trains. La ligne n'est pas électrifiée, on se croirait
dans un western : semi-désert, voie ferrée et rien d'autre. Ici ou là, une
yourte. Je me demande comment ils arrivent à vivre ici : il y a probablement
un
point d'eau, et leurs animaux ont toute la place qu'il faut pour chercher
à se nourrir. L'agriculture est visiblement une notion théorique en Mongolie,
par la force des choses : rien ne semble pousser. Aucun arbre à l'horizon.
L'horizon, il est loin, d'ailleurs. Le désert est immense.
Six heures de train à pleine vitesse, et on n'a pas encore fini de le traverser.
Le long de la voie, une barrière en fil de fer. Ici, une mine. Là, ce
qui ressemble à une base militaire, abandonnée par les Russes me dit quelqu'un.
Là-bas, deux chameaux.
Je n'avais jamais vu un désert auparavant. Celui du
Gobi est vraiment comme on peut se l'imaginer : du sable, des dunes. A droite,
un poteau électrique. A gauche, rien. Devant, rien. C'est
immense, énorme. Incroyable, génial. J'adore cet endroit, je regrette presque
de ne pas y passer un moment, une nuit.
Mais le Transmongolien fonce vers le Sud, en direction de la frontière chinoise que nous atteindrons dans la nuit.
Repas au wagon-restaurant. Photos du désert. Petite sieste.
L'effet du transsibérien revient. La plénitude et le plaisir du voyage. Les discussions avec les autres voyageurs. On apprend à dire "bonjour" en Chinois avec notre responsable de wagon. C'est assez difficile à prononcer --comme tout en Chinois-- mais Seb prend une longueur d'avance et apprend aussi "merci" et quelques autres mots. Je suis impressionné !
Ce train offre l'avantage non négligeable d'avoir des fenêtres qui s'ouvrent. Dit comme ça, c'est pas clair, il faut que j'explique : jusqu'ici pour avoir des photos depuis le train, on avait deux solutions : prendre à travers la vitre --généralement sale-- et avoir le reflet en bonus, ou aller dans les W-C et tendre la main à travers la petite ouverture --vous voyez le genre la mini fenêtre qui s'entrebaille par le haut jusqu'à un angle de 30° au mieux-- mais là le problème c'est que mon appareil ne passait pas par le trou ! Alors à choisir entre la clim et la fenêtre qui s'ouvre, je choisis la fenêtre. Et je mitraille.
Et
puis, avec la vitesse, l'air est très supportable, même en plein désert. Sans
compter que les compartiments sont équipés de ventilateurs rutilants, brassant
un air tiède avec plus de bruit que de réelle efficacité, et recouverts d'une
enthousiaste couche de poussière crasseuse. Mais il marche, le ventilo, alors
arrête de te plaindre !
Je
me demande pourquoi on a mis cette barrière le long de la voie. Peut-être
pour éviter que les quelques animaux du coin ne viennent se balader sur la
voie ?
Le temps passe, et on est bien ici.
Le train gigotte toujours, tout est tranquille. Quand on sait qu'on a plusieurs heures à attendre, on est plus détendu. On prend son temps, pour discuter comme pour se reposer. C'est ça aussi, les vacances.
Le soir approche, l'excitation monte. Nous allons bientôt entrer en Chine.
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